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Aujourd’hui, je vais vous parler d’une très célèbre phrase que vous avez sûrement déjà entendue : Ce qui ne me tue pas me rend plus fort. Cette citation, symbole de résilience et d’estime de soi, devenue un véritable mantra dans le monde du développement personnel, cache une signification bien plus complexe et surprenante que vous ne l’imaginez !
L’origine de la citation « ce qui ne me tue pas me rend plus fort »
Commençons par le commencement. Ce qui ne me tue pas me rend plus fort est une citation de Friedrich Nietzsche, philosophe allemand du 19ᵉ siècle. Il l’a écrite en 1888 dans son ouvrage Crépuscule des idoles. Mais attention, ne vous y trompez pas ! Nietzsche n’avait pas du tout l’intention d’en faire un slogan motivationnel pour les masses.
La maladie de Nietzsche : un combat permanent
Nietzsche a été confronté à la maladie dès son plus jeune âge. À l’adolescence, il a souffert de violentes migraines, de troubles de la vue et de problèmes digestifs chroniques. Ces maux l’ont accompagné tout au long de sa vie, devenant une partie intégrante de son existence et de sa réflexion philosophique.
Sa santé fragile l’a contraint à prendre une retraite anticipée de son poste de professeur à l’université de Bâle à 34 ans. Malgré ces difficultés, Nietzsche a transformé son expérience de la maladie en une source de créativité et de réflexion philosophique profonde. Le fondement de Ce qui ne me tue pas me rend plus fort.
L’influence de la maladie sur sa philosophie
La maladie a profondément façonné la vision philosophique de Nietzsche. Il a développé une approche unique du corps et de l’esprit, rejetant le dualisme traditionnel qui les séparait. Pour lui, le corps n’était pas simplement un véhicule pour l’esprit, mais une partie intégrante de notre être, influençant directement notre pensée et notre perception du monde.
Nietzsche accordait une grande importance à la physiologie dans sa réflexion philosophique. Il considérait que nos états physiologiques façonnaient nos idées et nos valeurs. Cette perspective l’a conduit à développer le concept de « grande santé », où la véritable santé n’est pas l’absence de maladie, mais la capacité à surmonter la souffrance et à en tirer de la force.
C’est de cette réflexion profonde sur la maladie et la santé, qu’est véritablement née la célèbre citation Ce qui ne me tue pas me rend plus fort. Pour Nietzsche, la souffrance n’était pas uniquement un obstacle à surmonter, mais une opportunité de se dépasser et de se renforcer.
La vision élitiste de Nietzsche
Contrairement à ce que beaucoup pensent aujourd’hui, Nietzsche ne croyait pas que cette phrase Ce qui ne me tue pas me rend plus fort s’appliquait à tout le monde. En réalité, il la destinait à une élite qu’il appelait les « supérieurs ». Pour lui, seuls ces êtres exceptionnels possédaient la force intérieure nécessaire pour se renforcer face à l’adversité. Cette idée s’inscrit dans sa théorie de la volonté de puissance, un concept central de sa philosophie. Selon Nietzsche, les forces ne cherchent pas simplement à se conserver, mais tendent à s’intensifier. Il critiquait d’ailleurs Darwin, considérant que la lutte pour la survie n’était qu’une exception, et non la règle.
Les « décadents » : l’autre côté de la médaille
Nietzsche avait une vision bien moins optimiste pour la majorité des gens. Il les qualifiait de « décadents » et pensait que les épreuves les affaiblissaient plutôt que de les renforcer. Selon lui, ces personnes choisissaient souvent des solutions qui aggravaient leur situation face aux difficultés. Dans son autobiographie « Ecce Homo« , Nietzsche se présente comme ayant une sûreté d’instinct, distinguant deux types de malades : ceux qui se soignent et ceux qui s’aggravent. C’est le reflet sa vision aristocratique de la société, où toutes les adversités ne sont pas nécessairement profitables et peuvent même écraser certains individus.
Ce qui ne me tue pas me rend plus fort dans notre monde moderne
Vous vous demandez peut-être comment cette idée élitiste est devenue si populaire ? C’est fascinant de voir comment le sens original a été transformé au fil du temps. La notion de résilience, popularisée par des psychologues, neuropsychiatres et autres, comme Boris Cyrulnik, a joué un rôle important dans cette évolution.
Cette idée suggère que chacun·e peut se reconstruire après un traumatisme, ce qui contraste fortement avec la pensée originale de Nietzsche. Cette démocratisation de la résilience s’éloignerait de l’aristocratisme nietzschéen, qui considérait que seule une élite pouvait véritablement tirer profit des épreuves. La popularisation de cette idée reflèterait un changement profond dans notre perception de l’adversité et de notre capacité à y faire face.
💡 Vous avez remarqué que j’ai mis ces dernières phrases au conditionnel…
Les dérives du développement personnel
Si la plupart des auteurs et grands penseurs contemporains ont bien reconnu la notion d’une résilience pour tous·te, loin de l’élitisme de la pensée de Nietzsche, la très large démocratisation du développement personnel a commencé à créer des dérives au cours du siècle dernier.
La psychologie positive
Ses prémices naissent dans les années 50, mais c’est véritablement vers la fin des années 90 que le psychologue Martin E. P. Seligman fait connaître sa théorie de la psychologie positive : résilience, qualité de vie, optimisme et bonheur à la clé pour tous·tes !
Qu’y a-t-il de mal à ça me direz-vous ?
Voici quelques arguments qui vous éclaireront :
- D’abord, il n’est pas possible « d’aller bien » tout le temps. La vie n’est pas un long fleuve tranquille, et c’est très bien ainsi d’ailleurs. Vous avez tant à apprendre de vous-même, de vos proches, ou de la vie en général, lorsque vous traversez une phase plus difficile.
- D’ailleurs, nous ne devrions jamais employer le terme « émotions négatives » (par opposition au positif). Une émotion peut être douloureuse de bien des manières, mais elle se manifeste toujours dans le but précis de vous alerter. En somme, c’est une sorte d’alerte incendie, et ça n’a rien de négatif, bien au contraire, c’est ce qui vous fera prendre la décision peut-être de vous faire aider.
Les coachs et pseudo-coachs moralistes
Comment différencier l’un·e de l’autre : la certification, norme RNCP.
Mais un·e « vrai·e » coach certifié·e peut tout autant vous tenir un discours stigmatisant sur le Saint-Graal que sont les promesses de bonheur qu’on vous vend !
- Il faut…
- Tu dois…
- C’est obligé…
- C’est comme ça que tu vas y arriver…
- Fais comme moi…
- …
- Tourne à gauche et puis à droite 🤯😰
STOP ! Il ne faut rien du tout ! Il n’y a aucune injonction à aller bien.
Ces propos que l’on trouve partout sur les réseaux sociaux vous font vous sentir encore plus mal et penser que vous êtes plus faible qu’un·e autre si vous, vous n’allez pas bien justement.
C’est terriblement moralisateur et culpabilisant. Et tellement faux ! La plupart des illuminé·es que vous voyez s’agiter soi-disant pour vous aider, sont le plus souvent en cruel besoin de reconnaissance, et donc, en déficit d’estime de soi.
Les racines chrétiennes et la volonté de puissance
Il n’est pas anodin de noter que Nietzsche s’est inspiré d’Emerson, un philosophe américain influencé par la morale chrétienne. Cette dernière voit souvent la souffrance comme un chemin vers le salut. Nietzsche a cependant rejeté cette idée et l’a transformée en développant sa théorie de la volonté de puissance. Pour lui, l’épreuve n’était pas un bienfait universel, mais une opportunité que seuls les plus forts pouvaient saisir. Nietzsche rejette également l’idée de libre-arbitre, considérant qu’il n’y a pas de responsabilité individuelle quant à nos instincts et notre destin. Cette « innocence du devenir », comme il l’appelle, contraste fortement avec la vision chrétienne de la responsabilité personnelle et du salut par la souffrance.
Le mot de la coach : qu’est-ce que la vraie résilience ?
Après avoir exploré la pensée de Nietzsche, je voudrais partager avec vous ma vision de la résilience et de cette fameuse phrase : ce qui ne me tue pas me rend plus fort.
Contrairement à la pensée élitiste de Nietzsche, chacun·e peut développer sa propre résilience, à son rythme, sans pression. Mais la force intérieure juste, selon moi, ne consiste pas à devenir invincible face à l’adversité. Elle réside plutôt dans notre capacité à reconnaître nos limites, à accepter nos vulnérabilités, et à trouver des ressources intérieures et extérieures pour nous relever après un coup dur.
La résilience, c’est aussi savoir demander de l’aide quand on en a besoin ou se reconnaître comme étant fragile — car nous le sommes, comme tout être vivant. Cette pensée n’est pas un aveu de faiblesse, mais de sagesse et de courage.
N’hésitez pas à me faire part de vos réflexions sur la résilience. Je suis toujours ravie d’échanger avec vous sur ces sujets passionnants !
Prenez soin de vous 🙏
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